Kwé
Les Rituels et Les Traditions
Toutes la chaîne de relations entre les éléments du grand cercle est empreinte de
spiritualité. Tout comme avec les animaux, les Autochtones entretiennent des liens très étroits avec l'environnement auquel ils confèrent un grand respect. La raison première est que la Nature est considérée comme la grande pourvoyeuse de l'humanité. Les liens avec la Nature ont donc un caractère sacré qui oriente les actions et les gestes de chacun au sein de l'environnement. Comme tous les peuples de la terre, les peuples autochtones ont des mythologies
qui permettent, aujourd'hui, de comprendre la culture, les traditions et les valeurs ancestrales de ces nations. Ces mythes sont généralement peuplés d'animaux, de monstres ou d'êtres humains parfois plus grands que nature. Ces mythes sont de nature cosmogonique, s'ils expliquent la formation de l'univers, des planètes et des astres, ou étiologiques, s'ils réfèrent à l'origine de phénomènes naturels, tels le tonnerre, les tremblements de terre, les éclipses, ect ... Bien souvent, dans les mythes et dans l'imaginaire, évoluent les animaux protecteurs
qui guident et protègent les nations avec bienveillance. A l'opposé, cet imaginaire autochtone est peuplé de monstres qui s'en prennent aux humains, les effraient et leur inspirent la crainte et la peur. Dans les communautés, pendant des siècles, la tradition orale s'est chargée de transmettre cet héritage d'une génération à l'autre. Les festins étaient des occasions privilégiées au cours desquelles se perpétuaient ces traditions orales. Lors des fêtes, la cérémonie du tabac, que l'on fumait en groupe en se passant le
calumet, était un exercice spirituel permettant d'entrer en contact avec les ancêtres. De plus, des chants et des danses faisaient partie du caractère sacré de l'événement. Ces chants et ces danses étaient bien souvent associés à des espèces animales, tels l'aigle ou le serpent, et avaient des fonctions spécifiques. Des chants pour obtenir des visions et des songes, des chants de remerciements pour les âmes. Des danses et des chants pour exorciser les peurs collectives ou pour demander la
protection d'un animal en particulier. Ces danses provoquaient des états de transe au cours desquels l'âme dominait le corps, favorisant ainsi les visions. Les Autochtones avaient une confiance illimitée dans les amulettes qu'ils considéraient
comme un objet de concentration de puissance favorisant la chance et la protection. Ces amulettes pouvaient avoir la forme de petites figurines taillées dans l'os, de pierres aux formes bizarres ou être des objets quelconques. Portées en permanence dans un petit sac à la taille, avec le tabac, les amulettes portaient chance à la chasse, à la pêche, à la traite et au jeu, tout en éloignant les créatures maléfiques. Certaines amulettes avaient des pouvoirs plus extraordinaires que les autres. Ainsi, une
petite pierre trouvée au creux d'un arbre avait une grande valeur, tout comme la pierre ou l'osselet de forme particulière retrouvé dans les viscères d'un animal que le chasseur avait eu de la difficulté à tuer. Cette amulette était au-dessus, de tout car le chasseur croyait que c'était elle qui avait donné à l'animal la force de se battre. Les amulettes faisaient l'objet d'un commerce très précieux et les Algonquins avaient la réputation d'échanger des amulettes ayant de très grands pouvoirs. Chez certaines nations, les Hurons-Wendat par exemple, le fait de parler à son amulette et de donner des festins en son honneur pouvait la rendre plus efficace, tel que l'a souligné dans ses travaux l'ethnologue Elisabeth Tooker.
Au sein de plusieurs nations, les grandes étapes de la vie sont soulignées par des rites
anciens, tels l'accueil des nouveau-nés et la cérémonie des premiers pas chez l'enfant. Chez les jeunes hommes, le passage de l'adolescence à l'âge adulte était marqué par un rite initiatique axé sur la spiritualité. Par des cérémonies et des jeûnes prolongés, les adolescents étaient plongés dans des états seconds qui leur permettaient d'avoir des visions. A travers ces visions, le jeune homme devait découvrir l'animal totémique qui allait guider sa vie et lui permettrait d'acquérir la sagesse et l'habilité qui le rendrait meilleur à la chasse, à la guerre et dans la vie.
D'autres événements du quotidien avaient aussi un caractère sacré. C'est le cas, dans
certaines nations, de la fabrication des canots d'écorce dont toutes les étapes, allant de la cueillette de l'écorce jusqu'à la décoration du canot, prenaient la forme d'un rituel alliant tradition et spiritualité. Tous ces gestes du quotidien s'inscrivent dans la spiritualité des nations et prennent
place dans la richesse de l'héritage transmis au fil des générations. De nos jours, nombreux sont les non-Autochtones qui découvrent ces traditions et cette spiritualité qui figurent parmi les choses dont les Autochtones d'Amérique du Nord n'ont pas été dépossédés au fil des siècles. La spiritualité autochtone a résisté au choc de la civilisation et à l'implantation du christianisme en terre d'Amérique. Au cours des dernières années, alors que les dimensions politiques et économiques
de la question autochtone ont retenu toute l'attention, les traditions spirituelles sont animées d'une nouvelle vitalité qui s'affirme de jour en jour. A l'aube du nouveau millénaire, cette spiritualité s'adapte aux conditions de vie moderne
tout en sauvegardant ses valeurs fondamentales. Implantées sur ce continent depuis des millénaires, les nations autochtones ont lentement tissé leur culture, leur langue et leur spiritualité, en partageant le sentiment profond d'un lien sacré avec la Terre. Bad Feet Walking
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